Ridha et Sophie mettent au monde trois adorables petites filles qui deviendront d'ailleurs des petites ramasseuses de balles enthousiastes et talentueuses. Caroline, Marine et Claire n'oublieront jamais leur passage à Roland Garros.
En 1994 la fédération française de tennis embauche Ridha à plein temps. Il s'occupe non seulement des ramasseurs de balles pour le tournoi de Roland Garros mais il devient en plus Précepteur au Centre National d'Entraînement.
Au vu de ses qualités de meneur, de réflexion et de responsabilité, on lui confie la charge des jeunes joueuses internes au centre, le CNE.
C'est un homme averti, responsable, qui prendra à coeur, pense-t-on, de les guider et de les protéger.
Ce poste lui a été confié sur la demande de nombreuses personnalités de la fédération qui reconnaissent qu'il saura non seulement accompagner les jeunes tenniswomen mais aussi les motiver dans leurs moments de doute ou de découragement.
Il aura dans sa "cour" de futures championnes telles qu'Amélie Mauresmo, Nathalie Dechy, Karolina Jagienac, Sophie Georges, Amélie Cocheteux et de jeunes espoirs du tennis comme Gaël Monfils, Tsonga, Gasquet ou Paul Henri Mathieu.
Pendant le tournoi, Ridha travaille avec les organisateurs et participe à la mise en oeuvre de la réussite de Roland Garros. Parmis les Grands Chelems, il sera reconnu comme le tournoi le mieux organisé.
Ridha met au point sa méthode qu'il rode toute l'année dans les différentes ligues régionales. Aidé de Sophie, son épouse, il conceptualise des programmes d'entraînements et se rend les week-ends dans différents centres en province pour diriger des stages.
A la suite de ces journées, les meilleurs jeunes sont sélectionnés pour venir à Paris. Des quelques 4 à 500 jeunes présélectionnés, Ridha en garde la moitié pour une nouvelle formation de quatre jours à Paris. Là il les entraîne en situation sur les courts de Roland Garros pour les familiariser avec l'environnement et éviter qu'ils ne soient trop stressés au moment de leurs entrées sur les courts le jour J du grand tournoi.
La fonction de ramasseur est très convoitée et beaucoup d'enfants, de personnes haut placées, postulent pour ce poste ; filles et fils d'ambassadeur, de hauts cadres, d'hommes influents.
Le statut de "Ballos" (c'est le nom qui est donné aux ramasseurs de Ridha) devient un exemple pour les écoliers, lycéens, jeunes joueurs, amoureux du tennis. Ils aspirent à décrocher une place au "soleil", sur les courts de Roland Garros, à être filmés dans le monde entier, à figurer auprès des stars du tennis mondial. C'est Ridha et lui seul qui sélectionne ses jeunes selon ses propres critères.
Une année, Jimmy Connors prie Ridha de sélectionner un de ses amis pour ramasser les balles à Roland Garros. Cette année là, beaucoup de jeunes de l'école Américaine avaient manifesté leur désir d'y participer.
Ridha devient un ami de Connors; toutes les occasions sont bonnes pour se retrouver lors de son séjour à Paris ; amitié bien partagée. Connors appréciait beaucoup la rigueur et le sérieux des petits ramasseurs de balles français et avait toujours un mot pour les remercier ou les faire respecter. Lors d'un match sur le court central, il pique une colère redoutable contre un arbitre irrespectueux envers un ramasseur ; colère ponctuée par des " Fuck, Fuck " tonitruants. Il fait venir Ridha pour qu'il demande à l'arbitre d'arrêter ses écarts insupportables.
Ridha continue son chemin, sûr de son savoir faire et de la reconnaissance de son service. Il sait parfaitement s'affirmer et il défend "bec et ongles" ses "Ballos".
Grâce à son prestige et à son influence, Ridha a pu permettre à quelques étudiants Tunisiens de passage en France, de fréquenter Roland Garros et de côtoyer des champions. Karim Ben Smail, Mourad Béjaoui, Néjib Ayachi, Fawzi Ben salha et bien d'autres, lui seront longtemps reconnaissants de ces bons moments partagés.
Quand Ridha rentre à Bizerte on l'appelle Monsieur Roland Garros..... Quel honneur pour l'ancien petit Ridha Ben Salha qui à treize ans rôdait sous les murs du Tennis Club de Bizerte sans avoir la permission d'y entrer ! Quelle belle revanche et quelle fierté aussi.